Titre: Ça feuille, ça boite, cette couleur
Date: 18 novembre 2006
Médium: acrylique sur toile
Format: 12×16
Prix: 200$
Je me suis réveillé avec une tache noire. J’ai peinturé… La couverture est brunie par l’immortalité dont je souffre. Je me suis battu contre moi-même et j’ai perdu, cette gouache est apparue sur mon miroir luisant en guise de conséquences. Les pleurs de l’automne m’ont probablement mouillé les cheveux. Le contact de cette tristesse se contente de m’informer que je vis, que mon corps sanglote et que l’orange de ma chevelure valse avec les feuilles humides. Trop d’automnes frissonnants m’ont observé dépérir, un groupe de voyeurs excités par ma chute de l’arbre le plus haut. Ils frétillaient probablement de plaisirs. Le seul fragment restant de cette période sont mes cheveux ; leur couleur, leur odeur et leur manière de glisser sur ma peau moite.
Cette pièce, cet habitat… personne ne m’a conversé depuis plus d’un siècle. J’aimerai tellement que la toile puisse me parler, elle doit le faire… pour moi… sa créatrice. Mes yeux la scrutent comme je visionne ma vie, je la juge et je clame son obéissance.
Comble de bonheur, le tableau propose enfin de m’aider à replacer mes cheveux, je suis excité. Ma colère contre lui se dissipe plus vite que mon dernier sourire. Lorsque je présumais entendre une araignée me faire un compliment… Ma peinture s’est alors adressée, droite et fière à mon corps courbé et négligé :
— Ah… jeune demoiselle, que votre corps semble dénudé de bonheur, que puis-je faire pour remédier à cette affligeante situation ?
— Je quémande votre aide…oh! Gentille toile, créature de mon éden, j’aimerais admirer et soigner mes cheveux…
— Maître… gente beauté, griffes de couleur déchirant une toile vierge, créatrice de mon souffle… a mon plus grand désarroi, je ne puis vous aider puisque vous ne m’avez pas offert le don d’un miroir. Il m’est impossible de vous révéler ou de vous prouver que votre sublime chevelure ressemble étrangement, mais mélodieusement à moi.
— Diantre! Mais pourquoi! Qu’ai-je fait pour ne recevoir que d’obscures nouvelles! Je ne suis qu’une feuille emprisonnée dans la boîte d’un gamin collectionneur. Mes nervures éclatent! Je me replie sur moi-même…
— AAAH !!
J’enfonce mes yeux, ma bouche, mon nez, mes oreilles et mes cheveux dans ma toile. Son hurlement déchire un cœur déjà morcelé, mes cheveux forment un nouveau tableau. Une identité me définit; une toile où mes cheveux la recouvrent. Je les vois majestueusement ajustés, ma bouche aimerait presque s’en délecter puisqu’elle les frôle. Un rouge d’automne coule entre l’orange de mes boucles, mon cou s’est fendu. Le tronc s’est fracturé, la sève se déverse sur un sol froid souillant le tissu terreux à mes pieds.
Maxime Faubert, 26 décembre 2010